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teurs seraient à l’avenir pris indifféremment dans les deux ordres, et en 345, sur quatre questeurs, il y en eut trois de plébéiens.

La questure était la moins élevée de toutes les magistratures ; cependant on paraît avoir voulu la relever par quelques prérogatives. C’était dans les mains des questeurs que la plupart des magistrats prêtaient serment devant la porte du temple de Saturne[1], dieu de la bonne Foi antique de l’âge d’or.

C’étaient les questeurs qui allaient chercher les enseignes militaires dans le temple du dieu pacifique, où on les conservait tant que durait la paix, et les port-

  1. Le trésor y était encore au temps de Plutarque (Publ., 12) ; il n’y a donc aucune raison de supposer, comme fait Becker (Handb., I, p. 317), qu’il fut transporté dans le Tabularium, c’est-à-dire dans les archives. On y put transporter les tables des Édiles, qu’on dit avoir passé du temple de Cérès au Capitole ; car le Tabularium était sur le Capitole, mais le trésor resta toujours dans le temple de Saturne. C’est là que César le trouva et le vola. Ce temple, placé entre le Capitole et le Forum, à l’extrémité du vicus Jugarius, était consacré à Saturne et à Ops, la déesse de la richesse. Quelquefois, quand il s’agissait du trésor, on l’appellait seulement temple d’Ops. (Cic., Phil., I, 7 ; II, 14.) Dans la partie secrète du temple était sans doute le trésor plus saint, sanctius ærarium, où l’on mettait à part le produit de l’impôt appelé le vingtième (Tit. Liv., XXVII, 10), pour les plus extrêmes nécessités ; ce fut celui que le consul Lentulus ouvrit avant de quitter Rome. (Cæs Bell. Civ., I, 14.) Mais il en restait un autre plus considérable, que personne n’avait ouvert et dont César fit briser la porte. On voit que l’un des partis ne ménageait pas plus que l’autre le trésor public dans l’intérêt de la guerre civile. Mais le consul était dans la légalité, car le sénat, entre les mains duquel était la clef de l’Ærarium, avait pu la lui remettre.