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Martius. Tout ce que nous savons de sa politique nous est enseigné par un monument et par une tradition.

Le monument, c’est la prison Mamertine, ce cachot formidable que le temps a respecté.

La tradition nous a été conservée obscurément par une épithète d’Ennius et par un vers de Virgile.

Ennius[1] et d’après lui Lucrèce[2] appellent Ancus Martius le bon Ancus, et Virgile[3] dit qu’il s’est trop confié au vent de la popularité.

Comment se concilient le monument et la tradition, l’origine de la prison Mamertine et le désir imprudent de popularité ?

Parlons d’abord de la prison.

La prison Mamertine fut, dit Tite Live[4], une mesure

  1. Ann., III, 5.
  2. Lucre. III, 1023.
  3. Virg., Æn., VI, 816-7.
  4. Tit. Liv., I, 33. Selon Tite Live, cette prison fut construite par Ancus Martius, et on doit le croire. Mais son nom de Mamertine ne prouve point qu’elle ait été l’œuvre de ce roi, car Ancus s’appelait Martius et non Mamertus ; d’ailleurs cette dénomination n’est pas antique, elle date du moyen âge ; on trouve indiqués dans cette région Privata Mamertini et une rue appelée via Mamertina, qu’on croit être la Salita di Marforio. La statue célèbre sous ce nom de Marforius, et qui fut l’antagoniste de Pasquin, a été trouvée là ; elle passait pour une statue de Mars, c’est celle d’un fleuve ; on l’a transportée au Capitole. Pasquin qui attaque le gouvernement parle toujours, mais Marforio, qui le défendait, ne répond plus. Cette prétendue statue de Mars et un temple douteux de Mars dans les environs de l’église Sainte-Martine sont peut-être pour quelque chose dans la dénomination moderne de prison Mamertine. Il est plus probable qu’elle vient de l’habitation voisine d’un par-