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L’estimation des biens de chacun[1] se faisait dans un édifice appelé Villa, la ferme, près du parc aux moutons.

Le recensement, et la lustration qui venait après, se rapportent aux habitudes pastorales d’une société naissante. Le mot censere lui-même s’appliquait dans l’origine aux troupeaux[2], et les bergers romains faisaient la lustration de leurs taureaux[3] ; ils purifiaient leurs brebis à la fête de Palès[4], comme ils les font encore asperger d’eau bénite à la fête de saint Antoine.

Il n’est pas jusqu’à l’animal immonde dont on a fait, je ne sais pourquoi, le compagnon de ce grand solitaire, qui ne joue son rôle dans le lustrum du champ de Mars.

Avant de prononcer une bénédiction solennelle sur le peuple romain[5], les prêtres promenaient autour de l’assemblée un cochon, une brebis et un taureau ; puis ils les immolaient.

  1. Cette estimation se faisait sur la déposition des contribuables ; elle était contrôlée par les tables des censeurs, qui pouvaient élever le chiffre de la taxation s’ils le jugeaient à propos. (Den. d’Hal., IX, 56.) La terre n’était pas taxée seule comme on l’a cru ; la preuve en est dans ce passage de Festus : In æstimatione censoria æes infectum rudus appellatur.
  2. Censere numerum gregis, dit Columelle.
  3. Lustrare juvencos. (Tibulle.)
  4. La purification des animaux avait pour but d’écarter d’eux toute influence funeste. C’était aussi le but de la lustration du peuple romain.
  5. Carmen solemne precationis. (Val. Max., IV, 1. 10.)