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cien poussait vigoureusement et se couvrait de feuillage ; l’arbre plébéien, au contraire, était misérable et rabougri ; mais, à partir de ce moment, alors en effet que la conquête de toutes les magistratures avait donné aux plébéiens un avantage complet sur leurs adversaires, ce fut l’arbre patricien qui commença à dépérir et son feuillage à se faner.

Le peuple romain est le peuple de la guerre. Maintenant qu’il existe réellement par la fusion des Latins et des Sabins, à laquelle ont travaillé, chacun à sa manière, les prédécesseurs du dernier Tarquin, et qu’a consommée l’œuvre accomplie en commun de son renversement, le peuple romain va commencer à la fois deux guerres d’où naîtra sa grandeur : l’une au dedans, l’autre au dehors ; l’une dans son propre sein entre les plébéiens et les patriciens sortis des deux races qui le composent, guerre au fond de Latins et de Sabins, guerre autant de nationalités que de classes ; l’autre à l’extérieur contre les Latins, les Sabins et les autres peuples sabelliques habitants des montagnes les plus voisines, de ces montagnes qui bornent la vue par un si majestueux horizon, et qui semblaient devoir borner la conquête romaine ; mais elles ne la bornèrent pas.

L’imposante barrière qu’elles lui opposaient fut laborieusement et victorieusement franchie. Le peuple romain transporta bien au delà de ce splendide horizon l’horizon lointain de sa puissance.