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Castor finit par l’emporter sur Pollux, et le temple, qui leur était dédié à tous deux, s’appela dans l’usage Temple de Castor.

Il semblait que les deux demi-dieux, qui n’habitaient l’Olympe que tour à tour, ne dussent pas être simultanément adorés sur la terre, et l’on comparait plaisamment le sort de Pollux, dont le nom était passé sous silence dans cette occasion, au rôle effacé du consul Bibulus, collègue de César, dont le nom aussi était passé sous silence, et qui ne figurait pas plus à côté de César que Pollux à côté de Castor.

Cependant le juron familier ædepol, par le temple de Pollux, au moins aussi ordinaire qu’æcastor, par le temple de Castor, prouve que dans l’origine une des dénominations de l’édifice était aussi populaire que l’autre[1].

Évidemment le souvenir de l’apparition des deux frères divins l’était beaucoup. Au temps de Cicéron, l’on montrait encore près du lac Régille l’empreinte d’un des pieds du cheval de Castor[2].

Oserais-je dire que, dans l’église de Sainte-Françoise-Romaine, très-voisine du temple de Castor, on montre l’empreinte laissée par les deux ge-

  1. À Sparte, deux poutres, réunies par une troisième, étaient un symbole ancien des Dioscures. On les portait devant les deux rois quand ils allaient à la guerre. (Plut., De frat. am., 1.) C’était une image de leur dualité. Le culte des Dioscures fut-il à Rome mis en rapport avec l’établissement du consulat ?
  2. Cic., De nat. d., III, 5.