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de l’autre côté du Tibre, au-dessous de Rome[1], près du lieu où Tarquin avait campé, et qui avait été témoin de l’intrépide action de Scævola.

Je l’ai racontée, ainsi que l’ont racontée le sage Tite Live, l’emphatique Denys, l’honnête Plutarque, et comme si c’était la plus belle action du monde. Valère Maxime[2] l’appelle un dessein pieux ; mais je me suis réserve de réviser ce jugement de l’histoire ancienne au nom de la morale moderne. Cette morale, sortie du christianisme, ne peut en aucun cas, et pour une cause si juste qu’elle soit, tolérer l’assassinat. encore je retrouve, et plus que je ne voudrais, l’antiquité dans les temps modernes.

J’ai peur qu’il n’existe en Italie, et peut-être dans la Rome de nos jours, quelque jeune homme (Adolescens nobilis) qui rêve la gloire là où la voyait Scævola.

Le discours de celui-ci à Porsena est précisément le discours qu’adresserait un carbonaro italien à un ennemi qu’il aurait manqué. C’est au nom des souvenirs de l’antique Rome que j’ai entendu défendre les assassins de Rossi et presque admirer Orsini. Parmi des hommes qui sont nés après la publication de l’É-

  1. Ces prés n’auraient pu se conserver jusqu’au temps de Denys d’Halicarnasse dans le quartier très-habité du Transtevère. C’est donc avec raison que Becker (Handb., I, p. 656) les place au-dessous de la ville.
  2. Val. Max., III, 3,1. Inter molitionem Pii pariter ac fortis propositi oppressus…