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line taillée à pic, on conçoit qu’une maison placée à sa cime parût dominer le Forum et le menacer.

Ainsi le spectacle des lieux, qui semble être en désaccord avec la tradition, cesse de la contredire quand on étudie leur histoire.

Il fait plus, il la confirme ; car, si cette tradition n’eût été contemporaine de l’état ancien des lieux, on n’eût pas imaginé plus tard des circonstances que leur disposition changée ne suggérait plus.

L’inquiétude que faisait naître l’habitation de Valerius avait encore une autre cause. La Velia avait été la demeure de deux rois sabins, Tullus Hostilius et Ancus Martius, puis des deux Tarquins. Les Valerius y étaient établis depuis plusieurs générations probablement avec leurs clients, ce qui explique pourquoi leur demeure était si vaste. Ils y avaient leur sépulture de famille. C’était donc une petite bourgade sabine.

Quand les patriciens se rassemblaient dans le Comitium et les plébéiens dans le marché, ils voyaient au-dessus de leur tête comme un château-fort sabin voisin de l’une des demeures de ces rois étrusques qu’ils venaient de bannir.

Ces souvenirs d’oppression produisaient leur crainte aussi bien que la position menaçante de la demeure féodale des Valerius.

Le sentiment d’effroi qu’elle leur causait était pareil à celui qu’inspiraient aux Romains du moyen âge