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Les matrones portèrent le deuil de celui qui avait vengè la pudeur de Lucrèce[1].

Après sa mort, les soupçons populaires, toujours prompts à s’éveiller, se portèrent sur son collègue Valerius. C’était cependant un Sabin de la vieille roche, il avait toujours soutenu vigoureusement Brutus contre les faiblesses de Collatin, qui voulait sauver ses neveux quand Brutus condamnait ses fils, et il devait mériter ce nom de Publicola[2], ami du peuple, qu’a porté une église de Rome, Santa-Maria de Publicolis, voisine du palais de la famille, Santa-Croce, qui prétend descendre de Publicola.

Malgré tous ses droits à la faveur populaire, Valerius fut soupçonné, parce qu’il habitait une maison qu’on trouvait trop grande sur la Velia, cette hauteur

  1. Elles voulurent à sa mort prendre son nom et s’appeler Brutiæ. Le mot Brutus, qui, nous l’avons vu, avait divers sens en latin, est devenu l’italien brutto, qui veut dire laid. Les Romaines de nos jours ne désirent certainement pas être appelées brutte, et ce nom ne leur convient nullement.
  2. Et non Plebicola, ami des plébéiens. Ce qui lui fit donner son surnom, ce fut son respect pour les craintes de tous, plébéiens et patriciens, qui redoutaient également le retour de la tyrannie, ce fut surtout la loi Valeria, qui maintenait le droit de provocation au peuple. Sous Tullus Hostilius, c’était l’appel aux curies patriciennes, maintenant aux centuries, à la fois plébéiennes et patriciennes, qui étaient le peuple, le véritable peuple, c’est-à-dire tous les citoyens investis des droits politiques. Quand Appius Claudius se Et démagogue pour devenir tyran, il flatta les plébéiens qu’il voulait tromper. Celui-là, on l’appela Plebicola. (Tit. Liv., III, 33.)