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dans la proportion de leur nombre, à ce commerce, et durent amener de leur colline, qui était tout proche, leurs bœufs sur le marché.

Quant aux latins du Cælius, dont la colline regarde les montagnes de la Sabine, celle des Æques, des Herniques et des Volsques, ce qui forme pour les touristes la magnifique perspective dont on jouit sur la place de Saint-Jean-de-Latran, ils étaient mis, par une telle situation, en rapport avec les peuples de l’intérieur avec les habitants de la montagne ; ils devinrent naturellement leurs commissionnaires et leurs expéditionnaires et ces fonctions n’étaient point inutiles, car venir dans une ville étrangère n’était alors sûr pour personne. On peut donc croire qu’à Rome le commerce naquit, ou au moins se développa parmi les Latins établis sur l’Aventin et sur le Cælius[1].

On en a la preuve dans le culte de Mercure. Mercure fut identifié plus tard avec l’Hermès grec ou pélasge, qui était tout autre chose ; mais Mercurius, le dieu, comme son nom l’indique, de la marchandise et des marchands, était un dieu latin. Or, on ne le voit, à Rome, honoré que dans deux endroits, et c’est précisément au bas de l’Aventin, au-dessus de cette vallée

  1. Les Sabins du Quirinal et de l’Esquilin auraient pu aussi former un intermédiaire commercial entre l’intérieur du pays et l’Étrurie, mais les austères et belliqueux Sabins devaient avoir ce mépris du commerce que professa toujours l’aristocratie romaine et qu’elle ne pouvait tenir que d’eux seuls, car elle était sortie presque tout entière de leur sein.