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Une démocratie qui n’aime pas la liberté consolide le despotisme.

Une démocratie animée de l’esprit de liberté finit toujours par conquérir, même sur la plus fière et la plus tenace aristocratie, l’égalité.

Voyez à Rome. Le patriciat était fondé en partie sur la conquête et s’appuyait sur la supériorité sociale et même numérique de la race dominante, seule en possession des choses sacrées et du droit complet de la famille. Il avait le privilège de tous les honneurs, et, qui plus est, du gouvernement.

Les plébéiens descendaient pour la plupart de vaincus et de transportés ; quelques-uns de gens sans aveu et de fugitifs. On ne les admettait pas à la participation des fonctions religieuses ou civiles ; on ne daignait pas s’unir à eux par le mariage ; ils étaient, comme des étrangers, tolérés dans la cité.

Eh bien, cette situation détestable que la tyrannie de leur dernier roi leur avait faite ou plutôt leur avait rendue en détruisant l’œuvre passagère de Servius Tullius, et que la république à son avènement n’avait guère modifiée ; cette situation, par suite de la lutte des deux ordres, changea complètement. Le patriciat, après les avoir défendus opiniâtrement, finit par abandonner tous ses privilèges, et les plébéiens finirent par obtenir la complète égalité des droits, parce que le germe de vie avait été déposé dans