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Il est facile d’être juste pour le bien que peut faire l’aristocratie, quand on n’en veut point à cause du mal qu’elle entraine et qu’on écrit dans un pays où elle n’est plus à redouter.

Je pourrais dire que, dans les deux que je viens de citer, elle a maintenu la suite dans les desseins et la fierté dans les caractères ; mais je ne veux parler ici que des avantages qu’elle a eus comme obstacle, obstacle qui peut, il l’a fait à Rome et en Angleterre, céder graduellement et jouer le rôle de ce qu’on appelle en terme d’horlogerie l’échappement, qui n’empêche pas l’aiguille d’avancer, mais la force d’avancer avec régularité.

Sans doute une démocratie assez intelligente pour se modérer elle-même n’a pas besoin de ce modérateur, qui, je n’ai certes nulle raison personnelle de ne pas le reconnaître, offre de grands inconvénients ; mais, il ne faut pas l’oublier, l’idéal des sociétés humaines, vers lequel doivent tendre tous les peuples, l’union de l’égalité et de la liberté, ne s’est montrée encore en grand que dans un seul pays, aux États-Unis, et là même les inconvénients de la démocratie absolue se font sentir.

Il serait coupable de regretter l’inégalité, qui en soi est une chose inique ; il serait insensé de vouloir la rétablir là où elle est impossible, comme en France ; en France, d’ailleurs, l’aristocratie fut trop souvent servile, mais il ne faut pas oublier que la démocratie peut l’être.