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Je crois que la gens Junia, à laquelle appartenait Junius Brutus, était sabine.

Junius vient de Juno, et Junon, nous l’avons vu, était le nom d’une divinité des Sabins.

Le père de Brutus avait un prénom sabin, Marcus[1].

Quoi qu’il ait pu advenir plus tard, les Junius étaient originairement patriciens[2].

Or, à cette époque, patriciens et Sabins, c’était à peu près la même chose.

Pour Valerius, qui depuis fut appelé Publicola, et qui assista à la mort de Lucrèce, il était incontestablement Sabin, comme tous les Valerius, et probablement parent du père de Lucrèce. Lucrèce ne dut appeler au récit et à l’héroïque expiation de sa honte que des hommes de sa famille[3] et de sa nation. Tout dut se passer entre parents et entre Sabins. Brutus,

  1. Marcus, de Mars, comme Mamercus de Mamers. Mars et Mamers sont les deux noms d’un dieu sabin ; d’où vient aussi Martius ou Marotius, surnom du roi sabin Ancus. À cette époque, un prénom sabin indique une famille sabine.
  2. Sans cela, comment un Junius aurait-il épousé une fille et une sœur des Tarquins ? La noblesse des junii etait si ancienne, qu’on les faisait descendre d’un compagnon d’Énée. (Den. d’Hal., IV, 68.) Les Junii plébéiens, dont l’un fut le meurtrier de César, ne descendaient pas du premier Brutus, mais d’un Junius qui, profitant de la ressemblance de son nom avec celui d’un consul mort quinze ans avant, prit aussi, sans y avoir aucun droit, le surnom de Brutus. (Den. d’Hal., VI, 70.)
  3. Cum … Injuriam suam in concilio necessariorum deplorasset. (Val. Max., VI, 1, 1.)