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Il ne faut pas chercher à Rome une représentation par l’art de l’histoire si dramatique de Lucrèce qui puisse faire revivre cette histoire dans sa vérité. Ce ne sera point à coup sûr le tableau de Cagnacci, remarquable par la couleur, mais non par la couleur historique. On y voit Sextus menacer Lucrèce de son poignard dans un costume très-moderne, et qui ressemble assez à un uniforme de fantaisie.

Pour Lucrèce, elle est nue, ce qui a épargné au peintre un second anachronisme de costume.

Comme Lucrèce était Sabine, Brutus était Sabin. Ce nom de Brutus se retrouve chez les peuples sabelliques. Un chef samnite s’appelait Brutulus[1] Papius. Les Brutiens descendaient des Samnites[2]. On a encore d’autres raisons de croire Brutus Sabin[3] : de ses deux fils, l’un s’appelait Titus, prénom des Flaviens ; l’autre, Tiberius, prénom des Claudes, deux familles sabines[4].

  1. Tit. Liv., VIII, 39. Brutus et Brutulus, même nom, comme Romus et Romulus.
  2. Str., VI, 1, 2. Les auteurs grecs les appellent Brettiens ; c’est le nom (Str., VI, 1, 4) que leur donnèrent les Lucaniens, et qui voulait dire fugitifs dans leur langue, langue sabellique. Les Brettiens passaient pour descendre de Brettios, un héros, fils de la déesse sabellique Valentia, et dans l’idiome messapien existait un mot très-semblable, brention, qui voulait dire une tête de cerf. Il y avait entre brettios et brention la même ressemblance qu’entre servus et cervus.
  3. Selon Silius Italicus (Punic, VIII, 361), Brutus était né à Collatie.
  4. Un des fils de Brutus, suivant Plutarque (Publ., 6), s’appelait Valerius, nom certainement sabin.