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avec un geste assez inspiré, montrant à Auguste la sainte Vierge et l’enfant Jésus dans le ciel.

Mais c’est ailleurs qu’il faut chercher les sibylles de l’art chrétien ; il faut aller admirer dans l’église de la Pace les belles sibylles de Raphaël ; il faut aller à la Sixtine contempler avec stupéfaction les terribles sibylles de Michel-Ange ; elles alternent avec les prophètes dans le prodigieux plafond de la Sixtine comme dans l’hymne lugubre du jugement dernier : Dies iraæ dies illa, la sibylle figure à côté de David : Teste David cum sibylla.

Nous voilà bien loin de notre sujet ; mais nous ne sommes pas sortis de Rome, et au Capitole, au Forum, au Vatican, nous avons suivi dans la tradition et dans l’art toute l’histoire des sibylles depuis Tarquin jusqu’à Raphaël.

Aux relations de la Rome des rois avec la Grèce se rattache un autre fait qui, s’il était véritable, serait plus important pour l’histoire romaine que l’achat des livres sibyllins par Tarquin.

Il est possible et même assez vraisemblable que Tarquin ait envoyé consulter l’oracle de Delphes, il ne l’est point que Brutus ait joué dans cette circonstance le rôle d’imbécillité simulée que l’histoire lui a prêté. On a remarqué qu’au moment de la révolution Brutus était tribun des Célères, dignité éminente qu’on n’eût point confiée à un homme qui aurait passé pour idiot. Un tel personnage n’eût pas non plus été chargé