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Les sibylles, ces êtres fatidiques plus anciens que la venue des Pélasges, étaient encore honorées à la fin de l’empire, au quatrième siècle, dans le Forum ; auprès des anciens rostres, se voyaient les statues de trois sibylles confondues alors avec les trois Parques, et appelées les trois Destinées (tria fata), les trois fées.

Car ce mot fata est le mot italien qui veut dire fée ; notre mot fée a la même origine[1].

Le christianisme a adopté les sibylles ; il a vu en elles le symbole d’un pressentiment de la venue du Christ au sein de l’ancien monde païen. Cette idée, qui avait de la grandeur, a donné naissance aux livres sibyllins apocryphes où beaucoup d’événements ont été prédits après coup.

De là aussi la fameuse prédiction de la sibylle annonçant à Auguste l’avènement miraculeux du Sauveur qu’une Vierge doit enfanter[2].

La légende a placé cette scène au Capitole, là même où est l’église d’Araceli, dans laquelle s’en est conservée la mémoire.

Tout près, dans la galerie de tableaux du Capitole, on peut voir, sur une petite toile de Peruzzi, la sibylle,

  1. Le pluriel, fata, les destinées, a fait le singulier, fata, la Fee, comme ostia, les bouches (du Tibre), a fait ostia, Ostie.
  2. On a attribué le même pressentiment prophétique aux druides. Ils auraient rendu un culte à la Vierge qui devait enfanter Virgini parituræ, et c’est au lieu où ce culte aurait été célébré que s’élèverait la cathédrale de Chartres.