Page:Ampère - L’histoire romaine à Rome, tome 2.djvu/235

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

a rendu salubre le val di Chiania, était employée par les Étrusques.

Tout concourt donc à confirmer ce que nous apprend l’histoire et que l’œil confirme, savoir que la Cloaca Maxima fut l’ouvrage des rois étrusques[1].

En me laissant aller, après Pline et tant d’autres, à l’admiration qu’inspirent les restes de la Cloaca Maxima, j’ai oublié, comme il arrive trop souvent, à quel prix étaient achetés ces grands travaux qui font l’étonnement des siècles ; des travaux pareils sont l’œuvre des despotes. Les despotes aiment la pierre ; car la pierre est docile, les blocs se laissent entasser les uns sur les autres en édifices réguliers, image de l’édifice social que le maître trouve beau de construire à la toise et au cordeau en entassant par assises symétriques les hommes, et, quand le maître est guerrier, les cadavres. Le gigantesque sourit à leur orgueil, et puis

  1. Ils ont eu à Rome des imitateurs. Ce travail caché, mais utile, a été à toutes les époques poursuivi par les Romains, qui, dans leurs constructions, visaient moins à l’apparence qu’a l’utilité. À Rome, on a reconnu sur une foule de points des conduits souterrains quelquefois d’une grande étendue ; au pied du Capitole, on en voit déboucher un du côté du Forum. Sur l’Aventin, les Dominicains de Sainte-Sabine en ont découvert trois étages communiquant par des puits verticaux. Les papes ont continué en ceci, comme en plusieurs autres choses, l’œuvre des anciens Romains. « Nulle ville, dit Nibby (R. ant., I, p. 654), ne peut se glorifier de travaux aussi considérables en ce genre. Elle est entre-coupée en tout sens d’égouts anciens et modernes, de sorte que, si on en avait le plan sous les yeux, ce serait un inextricable labyrinthe. »