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Un fait vrai peut se répéter dans l’histoire ; un fait légendaire peut se reproduire dans la réalité.

Tarquin déposa le traité qu’il fit avec Gabie, si déloyalement prise, dans le temple de Fidius[1], le dieu de la Bonne Foi, impudence qui méritait d’être conservée par l’histoire. On a même dit qu’il avait élevé ce temple à ce dieu. C’eût été de la part du perfide Tarquin un hommage bien hypocrite à la bonne foi[2].

Gabie, autrefois si puissante, était bien déchue à la fin de la république[3] ; elle avait presque entièrement disparu au commencement de l’empire[4], et Lucain[5] a chanté ses ruines comme Properce a chanté celles de Véies. Elle offre aujourd’hui d’assez remarquables ruines, qu’on croit appartenir au temple de Junon[6].

Tarquin, aussi habile qu’il était pervers, cherchait à se créer des influences dans les villes du Latium. Pour le dominer plus sûrement, il donna une de ses filles à un personnage puissant de Tusculum, Octavius Mamilius[7], Sabin d’origine.

  1. Den. d’Hal., IV, 58.
  2. Id., IX, 60.
  3. Cic., Pro. Planc., IX.
  4. Hor., Ep., I, 11.
  5. Luc., Phars., VII, 392.
  6. La Junon sabine, la même que l’Hera pélasge. Ces ruines conservent donc le souvenir des deux plus anciennes époques de Gabie, l’époque pélasgique et l’époque sabine.
  7. De ses deux noms, le premier, Octavius, était le nom de la gens Octavia, celle d’Auguste, et originaire de Velletri, pays sabellique ; le second, Mamilius, doit être sabin, soit qu’il vienne du dieu sabin