Page:Ampère - L’histoire romaine à Rome, tome 2.djvu/159

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur le sommet de l’Esquilin[1], d’où l’on ne pouvait monter sur l’Esquilin.

Tullie n’allait pas sur l’Oppius (San-Pietro in Vincoli), dans la demeure de son mari, mais sur le Cipius, dans la demeure de son père[2]. C’était de la demeure royale qu’elle allait prendre possession pour le nouveau roi.

Quand Tullie osa pénétrer dans le temple où était la statue de son père, la statue se voila[3]. D’autres disaient qu’il fallut la voiler, parce que sa vue réveillait la douleur immense et toujours croissante du peuple[4].

Sans croire à ce miracle, je suis disposé à admettre la vérité de cette formidable histoire, prise dans son ensemble. Ce sont là de ces faits extraordinaires qui restent dans la mémoire des peuples, et que la poésie naïve des âges anciens cloue, pour ainsi dire, au lieu qui en fut témoin.

Ce fait sinistre a beau être perdu dans le lointain des âges et a demi voilé par les nuages de la tradition, quand on se sent au lieu où elle l’a placé, il semble revivre, et on croit l’apercevoir.

  1. Summus Cyprius Vicus ne veut pas dire seulement au sommet de la rue, mais aussi à l’extrémité de la rue, comme Summis digitis, du bout des doigts.
  2. Tite Live (III, 48) dit le contraire, mais Ovide (Fast., VI, 605)le dit positivement, et les Fastes d’Ovide ont été écrits en grande partie d’après Varron.
  3. Ov., Fast., VI, 572.
  4. Ov., Fast., VI, 583-4.