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antique en traduisant le beau récit de Tite Live, dans la langue rude et cadencée qui devait êre celle de ce vieux chant en y introduisant quelques détails tenant à des circonstances que Tite Live ne connaissait pas ou qu’il n’a pas rappelées, et que l’étude des lieux et des races m’a permis de retrouver et d’apprécier.

Cete fois le poême qui a transmis l’événement tragique était un poême romain, non un chant sabin, comme le chant du Vélabre. Un poême animé de l’esprit sabin n’eût point montré, comme le fait la narration de Tite Live, dont celui-i a fourni les éléments, tant de sympathie pour Servius Tullius.

Cette apparition du sentiment romain dans la légende est pour moi un signe historique de l’avènement du peuple romain.

Après avoir tenté cette recomposition approximative du récit primitif, je reviens à l’événement lui-même, que je crois véritable, au moins dans son ensemble ; car la poésie populaire n’invente pas les faits, elle les raconte à sa manière, et décrit fidèlement les lieux.

La fidélité de cette description, reproduite par ceux qui avaient reçu la tradition telle que la poésie l’avait faite, permet d’assister à la tragédie jusqu’à la dernière scène, comme si on était guidé par un témoin oculaire.

Servius, s’éloignant de la demeure des rois sabins sur la Velia, qui fut encore celle de Tarquinius Priscus, et qui d’abord avait été la sienne, alla, le pre-