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Tarquin monte les degrés de la Curie, et au sommet des degrés il fait placer le siège d’ivoire du vieux roi Servius ; il s’y assied. De là il regarde d’un air farouche la multitude qui se presse dans le marché et d’un air confiant les curies patriciennes qui remplissent le Comitium.

D’une voix forte il appelle le héraut. Le héraut vient en tremblant. « Héraut, dit le Superbe, va citer l’esclave fils d’une esclave à comparaître devant le roi Tarquin. »

Puis il dit « Après la mort de mon père, l’illustre Tarquin, l’aventurier Mastarna est monté indûment sur le trône où devait monter le fils de Tarquin, sans qu’on ait proclamé l’interrègne, sans qu’on ait assemblé les curies. C’est une femme qui lui a donné le trône.

« C’est ainsi qu’il a été roi. Comment a-t-il régné ? Protecteur des hommes de race infime, comme eux haïssant ceux de noble origine, il a donné le suffrage à la multitude, il a abaissé les grands.

« Il a pris leurs terres et les a distribuées aux plus vils, à son gré et à son caprice. Voilà ce qu’il a fait, l’esclave fils d’une esclave. »

En ce moment, le vieux roi arrive ; il monte les degrés de la Curie d’un pas que l’âge et la fureur font chanceler. D’une voix sévère il s’écrie :

« Qu’est ceci, Tarquin ? quelle est cette audace de convoquer les Pères sans mon aveu et de t’asseoir à ma place sur mon trône ? »