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Il était ardent comme elle ; comme elle il eût volontiers trempé sa robe dans le sang.

Cependant il lui dit « Ce serait le sang de ton père.  » Elle répondit « Ce serait la bordure de la toge royale de mon époux. »

« Ah ! si c’était toi, vaillant Tarquin, si c’était toi dont j’eusse été la femme, mon époux serait roi. »

Il la regarda, la belle Tullie, il la comprit, et il lui dit « Tu seras la femme de Tarquin. »

Et, un peu de temps encore, voilà que l’autre Tullie mourait ; et, un peu de temps encore, voilà qu’Aruns mourait aussi.

Puis le superbe Tarquin prit pour femme la fière Tullie ; mais alors se vit un prodige : la victime immolée n’avait pas d’entrailles ; cette victime était comme la fière Tullie.

Le vieux roi, que l’âge avait affaibli, fut consterné ; le vieux Mastarna, qui avait vu tant de guerres, fut rempli d’effroi.

« Les dieux sont courroucés, disait-il ; les signes sont funestes ; je crains que le meurtre ne soit dans ma maison. »

Pendant ce temps, la détestable Tullie ne cesse d’exciter son époux par ses discours et ses caresses, par sa colère et par ses reproches.

Le soir, ce sont les discours et les caresses ; le matin, ce sont les reproches et la colère.

« Oh ! si j’avais voulu un mari seulement pour ser-