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Il y avait, comme on sait, une Étrurie campanienne. Avant l’époque de Romulus[1], les Étrusques avaient fondé douze villes dans l’Italie méridionale, comme ils en avaient fondé douze dans l’Italie centrale et douze dans l’Italie du Nord.

Pourquoi ce chef étrusque, ce Mastarna que la tradition représentait comme ayant été chassé de son pays par la fortune (variâ fortunâ exactus) et ayant amené sur le Cælius les débris d’une armée, n’aurait-il pas été chercher des aventures dans l’Étrurie méridionale et guerroyé peut-être contre les villes grecques de la Campanie, visité du moins des cités étrusques qui en étaient voisines ?

Ainsi l’on s’expliquerait l’analogie de la constitution de Servius Tullius et des constitutions de ces villes, même le rapport qui nous a frappé entre cette constitution et la législation de Solon, dont l’établissement récent et déjà célèbre pouvait bien être connu dans la Grèce italienne, et même dans l’Étrurie méridionale.

Ceci expliquerait encore pourquoi l’on attribuait à Servius Tullius l’introduction de la monnaie, des poids et des mesures[2], toutes choses dont à Rome l’origine fut en partie étrusque et en partie grecque, et souvent grecque encore quand elle venait par l’Étrurie.

  1. Huit siècles avant Jésus-Christ. (Vell. Pat., I, 7 ; O. Müller, Etr., p. 166.
  2. Aur. Victor, De Vir. ill., VII. Les principales mesures grecques furent peu modifiées en devenant romaines. (Mommsen, R. Gesch., I, p. 195.’)