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leurs rancunes par son silence, dans l’énumération des rois de Rome a omis Servius Tullius.

On lui attribuait rétrospectivement les mesures populaires que sous la république les plébéiens réclamaient sans cesse : une loi agraire[1] et l’abolition des dettes. Il avait eu la pensée de remplacer la royauté par une république[2]. Tacite[3] en parle comme d’un roi constitutionnel, et le poête Accius, dans sa tragédie de Brutus, appelait Servius le fondateur de la liberté.

Mais, sans tenir compte de ces exagérations qui provenaient de la sympathie des uns et de l’antipathie des autres, la constitution donnée par l’étrusque Mastarna n’en reste pas moins un fait très singulier, une apparition des idées modernes dans l’histoire de Rome, qui étonne et dont il faut se rendre compte.

Ce qui frappe en elle d’abord, c’est une ressemblance extraordinaire avec la législation de Solon.

En effet, Solon divisa tous les citoyens en quatre classes d’après le revenu de chacun, et leur conféra les droits qu’avaient jusque-là possédés les patriciens d’Athènes, les Eupatrides, l’élection des magistrats et la sanction des lois. Chaque classe était taxée en proportion de sa richesse, la dernière ne l’était point, mais ceux qui la composaient étaient exclus de toutes les

  1. Den. d’Hal., IV, 9 ; Cic., De Rep., II, 21.
  2. Tit. Liv., I, 481 ; Den. d’Hal., IV, 40.
  3. Sanctor legum fuit quis etiam reges obtemperarent. (Tacit., Ann.., II, 26.