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qu’ils les avait unies dans les mêmes tribus locales et enfermées dans l’enceinte de la même muraille.

La tradition exagère volontiers ce qu’elle consacre. Servius avait substitué le vote gradué des centuries ouvertes à tous au vote exclusif des curies patriciennes on en fit un roi démocrate et presque républicain, un ennemi des patriciens, dont il avait restreint l’influence. Selon la tradition, il les avait forcés d’habiter au-dessous de sa demeure de l’Esquilin dans le quartier des patriciens (vicus patricius)[1] pour les tenir en respect. On le représentait comme le protecteur des pauvres[2], auxquels il avait eu soin de soustraire toute influence sur la chose publique, et des esclaves[3], pour lesquels on ne voit pas qu’il ait rien fait, mais auxquels, par une exagération malveillante, on étendait sa faveur pour les plébéiens. Sa mémoire resta chère aux uns et aux autres[4], elle le fut moins à l’aristocratie. Les patriciens, disait-on[5], avaient voilé son image dont la vue excitait la douleur du peuple ; et Virgile, qui ne manque pas une occasion de célébrer les origines des grandes familles romaines, interprète de

  1. Fest., p. 221; Via Urbana, Via di Sauta Maria Maggiore, Via di Santa Pudenziana.
  2. Fautor infimi generis hominum. (Tit. Liv., I, 47.)
  3. Plut. Qæst. rom., 100 ; Fest., p. 343-5.
  4. Le petit peuple célébrait cette mémoire toutes les nundines, jours de marché, parce qu’on croyait que Servius était mort un jour de nones et qu’on ne savait pas dans quel mois. (Macr., Sat., I, 13.)
  5. Ov., Fast., VI, 585.