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On peut s’étonner que Mastarna ait mis la confédération latine sous le patronage d’une déesse des Sabins, associée par eux à leur dieu national, Janus, au lieu de choisir le grand dieu latin Saturne. Mais il ne fallait pas non plus pousser à bout les Sabins. Mastarna voulait tenter plutôt de les concilier à son projet en accordant l’honneur d’être le sanctuaire commun des Latins à un temple que les Sabins avaient primitivement fondé. D’ailleurs, ce temple était un asile, par là respectable et cher à tous.

Les esclaves s’y réfugiaient à l’autel de Diane, qui était leur protectrice[1], comme une autre déesse sabellique, Feronia ; comme près de l’autel d’Acca-Larentia, sabine aussi, on sacrifiait aux mânes serviles. J’ai parlé de cette protection des esclaves par les divinités sabines, qui exprimait, en l’exagérant, la faveur que les rois sabins, dans l’intérêt de leur pouvoir, avaient montré pour la portion la plus humble et par là la moins dangereuse de leurs sujets, tradition qui s’est continuée pour Servius et a peut-être été l’origine de son nom, si ce nom n’a pas aidé la tradition à faire de Servius l’ami des esclaves et même un esclave.

Le roi, qui, par le temple de Diane, fonda l’unité politique de la race sabine, et qui, par sa constitution, créa l’unité politique de Rome, constitua ce qu’on

    temple de la Lune, situé plus bas. Orose l’appelle un Dianium, parce que la lune était Jana ou Diana

  1. Fest., p. 343.