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comme un signe du triomphe des Latins, ainsi qu’au moyen âge on plaçait devant les églises d’Italie les trophées de quelque victoire sur une ville rivale : devant le dôme de Florence, les chaines conquises dans une expédition navale ; dans la cathédrale de Sienne, le mât du Carroccio, pris aux Florentins à la bataille de Monte-Aperti.

Du reste, le choix de l’Aventin pour y placer le centre de la confédération latine se conçoit parfaitement. C’était alors le mont latin. Le Cælius l’était aussi ; mais il était en même temps un mont étrusque. Mastarna y avait campé, et les Latins y auraient été moins chez eux. Pour le Palatin, il aurait trop effrayé les Sabins ; il leur avait résisté. Le Palatin était hostile ; l’Aventin ne l’était point.

Et puis Mastarna ne séparait pas la cause des Latins de celle des plébéiens, comme plus tard C. Gracchus associait la cause des Italiotes à la cause plébéienne, comme aujourd’hui la cause de la démocratie est liée en Italie à la cause de la nationalité italienne. Or l’Aventin était le berceau de la plebs ; il était déjà le mont plébéien et le fut toujours. Sur l’Aventin furent créés les premiers tribuns ; sur l’Aventin, l’aïeul des Gracches éleva le temple de la Liberté ; sur l’Aventin, le second de ses petits-fils, poursuivi par ses meurtriers, vint se réfugier dans un temple de Diane[1].

  1. Ce temple n’était pas, je crois, le grand temple de Diane, mais un