Page:Ampère - L’histoire romaine à Rome, tome 2.djvu/111

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui immolerait le bœuf donnerait à sa patrie l’empire[1].

Le coup était assez bien préparé ; mais le prêtre du temple[2], qui devait être un Latin, sut le parer. Comme le bœuf allait être sacrifié, il prescrivit au Sabin de descendre la colline et d’aller faire une ablution dans le Tibre[3]. Le simple montagnard, ne soupçonnant pas le complot dont on voulait le faire l’instrument, descendit sans défiance. Quand il revint, le prêtre latin avait immolé la victime.

Les cornes gigantesques du bœuf furent conservées très-longtemps sous le vestibule du temple de Diane

  1. Tite Live (I, 45) entend la primauté des Romains qui voulaient conserver et des Sabins qui voulaient, dit-il, ressaisir l’empire. Il est dans le vrai de la situation. En effet, la question était entre Latins et Sabins. Plutarque (Quæst. rom., 4) est plus loin de la vérité quand il fait prédire à la patrie du sacrificateur la domination sur toute l’Italie. Ce n’est pas de cela qu’il s’agissait alors. Valère Maxime (VII, 3, 1) tombe tout à fait dans l’absurde en mettant, au lieu de l’Italie, le monde entier, ce à quoi la tradition ne pouvait songer. Les trois auteurs que j’ai cités, et, après eux, Zonaras (VII, 9), parlent d’un Sabin : l’auteur du de Viris illustribus (VII), dit Latin, et par là efface de ce récit tout le sens historique qu’il pouvait avoir.
  2. Plutarque suppose que c’est Servius qui a donné cet ordre à un Cornelius, prêtre de Diane. Un Cornelius eût été mal choisi, car les Cornelii étaient Sabins. Mais Plutarque nous avertit que Varron n’avait point parlé d’un Cornelius prêtre, et attribuait l’artifice au gardien du temple.
  3. Ces expressions font penser que le temple de Diane dominait le fleuve, comme il dominait le cirque, ce qui détermine sa situation à l’angle nord-ouest de l’Aventin.