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Il se peut que Mastarna ait pensé à eux en établissant les Compitalia, la fête des carrefours, la fête des Lares ; mais cette fois il pouvait obéir aussi à une dévotion personnelle, car il était né en Étrurie, et les Lares étaient des divinités étrusques[1] qui avaient passé dans la religion sabine. Aussi c’est d’un Lare du foyer que la tradition sabine faisait naître le roi étrusque. Mais les Lares étaient les dieux de tout le monde. On les considérait, ce qui était touchant, comme les âmes des morts continuant à protéger le foyer. Très-petits dieux, ils étaient à la portée des plus petits. Servius avait permis aux esclaves de participer à ce culte domestique[2]. Organiser un culte populaire devait faire partie de l’œuvre populaire de Mastarna.

Le sacrifice annuel offert en commun aux Lares par les habitants du même quartier, les jeux qui s’y mêlaient, tendaient à fondre ensemble les rangs et les races, ce qui fut l’esprit de la constitution de Servius.

Dans le même esprit, il institua pour les campagnes une fête analogue, les Paganalia.

Mais c’étaient surtout les Latins qui occupaient Mastarna. Au dedans, il voulait achever l’œuvre commencée par les rois sabins eux-mêmes contre l’aristocratie sabine, poursuivie plus résolûment par le premier roi

  1. Avant de devenir sabins ou étrusques, ils pouvaient bien avoir été pélasges. M. Maury a rapproché lar de larissa, nom des forteresses, fréquent chez les Pélasges.
  2. Den. d’Hal., IV, 14.