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sainte Cécile. Là elles se dépouillaient de leurs vêtements, et, après avoir brûlé de l’encens en l’honneur de la Fortune virile, lui demandaient de cacher à leurs époux tous leurs défauts corporels. Ovide ajoute malicieusement « Et la déesse implorée le fait pour quelques grains d’encens », ayant l’air de croire que les femmes romaines s’arrangeaient pour que cette demande fût toujours exaucée, et que ce qu’elles ne voulaient pas trahir fût toujours caché.

Ce jour-là les femmes du commun allaient se baigner dans les bains des hommes, couronnées de myrte. On voit que dans tout ceci il n’est pas question d’un temple de la Fortune virile.

Il faut donc renoncer à nommer ainsi un des restes les mieux conservés et les plus purs de l’architecture romaine.

Outre ces deux temples de la Fortune, on en attribuait à Servius un autre, dédié à Matuta, dans le marché aux bœufs, et voisin de celui de la Fortune vierge ; nous le savons par le récit des incendies qui les atteignirent ensemble tous les deux[1]. Les fêtes des deux déesses se célébraient le même jour[2], ce qui semble indiquer une commune origine. Matuta était Sabine, et on ne voit pas que son culte, comme celui de la Fortune, eût pénétré en Étrurie ; mais il fallait bien faire quelque chose pour les Sabins.

  1. Tit. Liv., V, 19 ; XXV, 7.
  2. Ov., Fast., VI, 570.