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C’est de Volsinii que Cæles Vibenna était, disait-on, venu à Rome. De là aussi la tradition faisait venir sans doute celui qu’elle lui donnait pour fidèle compagnon, Mastarna. Il n’est donc pas surprenant qu’on attribuât au roi Servius Tullius la consécration de deux temples[1] de la Fortune à Rome, l’un dans le marché aux boeufs[2], l’autre sur la rive droite du Tibre, à six milles de Rome en descendant le fleuve[3].

Et puis il y avait encore un autre motif à cette prédilection de Mastarna pour le culte de la Fortune.

Je ne dirai pas avec Valère Maxime[4] : « Jamais rien ne montra mieux la toute-puissance de la Fortune que l’esclavage de Servius Tullius devenu roi, » parce que je ne crois pas que Servius Tullius ait été esclave, et que je connais d’autres exemples plus extraordinaires de la toute-puissance capricieuse de la déesse de Præneste.

Mais Servius, après avoir été un soldat de fortune, était devenu un roi de fortune, ce qu’Horace[5] appelle fortunæ filius. Il était naturel qu’il fût dévot à la Fortune, comme Sylla.

  1. Si Nortia, la Fortune, est une déesse ombrienne, c’est une raison de plus de penser que Mastarna, particulièrement voué au culte de la déesse principale de Volsinii, était d’extraction ombrienne.
  2. Den. d’Hal., IV, 27. Près du temple de Matuta. (Tit. Liv., XXXII, 27.)
  3. Varr., De l. lat., VI, 3. Sans parler du temple que Plutarque seul dit avoir été érige à la Fortune par Servius sur le Capitole.
  4. Val., III, 4, 3.
  5. Hor., Sat., II, 6, 49.