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règne du premier Tarquin, on eut à reprendre Crustumerium. D’ailleurs, l’occupation par les Sabins de presque tout ce qui n’était pas le Palatin isolait Romulus de ses faibles conquêtes et le claquemurait sur sa colline natale, hors de laquelle il ne pouvait mettre le pied sans rencontrer la formidable nation des Sabins, qui l’y tenait comme enfermé. Ancus Martius agrandit réellement le territoire de Rome du côté de la mer et du côté des montagnes au sud, et au nord. Ses conquêtes restèrent à ses successeurs.

Je vois dans cette campagne du Sabin Ancus contre les Latins un résultat de l’antagonisme de la nation sabine et de la nation latine, antagonisme que représentaient déjà la guerre de Tatius et de Romulus, la destruction d’Albe par Tullus Hostilius, et dont le Palatin, opposé au Capitole, est le symbole géographique. Les Sabins, comme tous les montagnards, étaient poussés à envahir le pays de plaine qui s’étendait à leurs pieds ; ils étaient venus au moins jusqu’à Rome, ils faisaient un pas de plus et s’avançaient jusqu’à la mer. Cette guerre, pendant laquelle ils franchirent le Tibre, était la suite du progrès constant de la race sabine vers le sud-ouest et du mouvement qui avait commencé sur les hauteurs d’Amiternum c’était pour les Sabins une guerre nationale contre leurs ennemis naturels les Latins. Si la poignée de Latins tolérée sur le Palatin y prit part, ce ne fut point pour eux une guerre nationale, ils suivirent.