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beaucoup, s’exhausse avec le temps. On l’a constaté pour le Nil ; il en a été de même pour le Tibre. Suivant Pline, qui devait se connaître en navigation puisqu’il était amiral, le Tibre pouvait porter les grands vaisseaux de la Méditerranée[1]. Sa profondeur devait être encore plus grande à l’époque où nulle voile ne se montrait entre ses rives désertes.

Le lit du Tibre était aussi plus large quand aucun travail d’art n’emprisonnait le fleuve indompté. Le Tibre baignait le pied du Palatin ; il inondait l’emplacement futur de la rue Étrusque, où devait être un jour le quartier élégant et corrompu de Rome. On disait que le dieu Vertumne[2] avait détourné le cours du fleuve.

Le Tibre, en dépit de Vertumne, débordait fréquemment, et quelquefois, dans ses crues soudaines, retrouvait la largeur de son ancien lit. Horace nous montre le Tibre refoulé par un coup de libeccio (sud-ouest) de la rive droite[3], et venant ébranler, renverser même, ce qui me semble une exagération du poëte, le temple de Vesta et la maison de Numa, a l’angle sep-

  1. Pl. Hist. nat., iii, 9, 1.
  2. Serv., viii, 90.
  3. C’est, je crois, le vrai sens de

    · · · Retortis
    Litore etrusco violenter undis.

    (Hor., Carm., i, 2, 13.)

    Il ne s’agit pas de la mer d’Étrurie, mais de la rive étrusque du Tibre, c’est-à-dire la rive droite, que Stace appelle la rive lydienne parce que les Étrusques venaient de Lydie. (Stat., Sylv., iv, 4, 5.)