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qui pénétrerait dans le caractère des hommes et dans l’esprit des temps, qui pourrait découvrir l’enchaînement de ces causes, ranimer les hommes, faire revivre les temps, celui-là serait en état d’écrire une histoire définitive ; mais celui-là ne serait pas un homme, car il aurait une clairvoyance et un pouvoir de résurrection sans limites, il serait dieu.

La clairvoyance des hommes est bornée et leur pouvoir de résurrection a des limites. Il en résulte que nul ne comprend un temps et ne le revivifie tout entier ; chacun pénètre par un côté dans le passé ; chacun apporte sa lumière dans cet abîme qui aura toujours ses ténèbres, et concourt à cette reconstruction des siècles que nul n’achèvera.

Je crois avoir aperçu sous un jour nouveau l’histoire du peuple romain, en la contemplant du sein de Rome même. La Grèce est la patrie naturel de la poésie, j’ai autrefois étudié la poésie grecque en Grèce ; Rome est le pays de l’histoire, je suis venu écrire l’histoire de Rome, à Rome.

Sur ce sol mémorable où j’ai vécu, j’ai demandé une intelligence plus nette et plus vive de la vie du peuple romain à la topographie, aux monuments, au spectacle du présent lui-même, qui à Rome contient des débris et comme des ruines du passé.