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tendre un léger bruit derrière elle, que la frayeur suspendit sa marche ; elle prêta l’oreille avec attention, mais tout étant redevenu calme et silencieux, elle parvint jusqu’à sa cellule sans avoir rien rencontré sur sa route qui pût lui faire craindre d’avoir été aperçue par quelqu’un.

« Une fièvre brûlante l’empêcha de fermer les yeux le reste de la nuit ; des inquiétudes vagues, de tristes pressentiments, firent d’abord couler ses larmes ; mais la certitude d’avoir trouvé Eugenio toujours le même pour elle, l’espérance de le revoir, de s’unir peut-être à lui, si le pape consentait à la relever de ses vœux, la plongèrent ensuite dans des réflexions si douces, si consolantes, qu’elle oublia ses malheurs passés pour ne songer qu’à l’avenir plein de charmes qui s’offrait à ses regards.

« Le jour parut, et elle s’occupait encore d’Eugenio, repassant dans sa mémoire tout ce qu’il lui avait dit, répétant ses moindres paroles et croyant toujours entendre cet ami si cher lui dire d’une voix émue : à demain, à demain, ma Virginia !

« Ce jour, le plus long dont Virginia eût mesuré la durée, s’écoula enfin. Ne pouvant vaincre le trouble dont elle était agitée, elle se rendit