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— Virginia !!! s’écria Eugenio avec l’accent de la terreur.

— Grand Dieu ! dit Virginia, vous avez exaucé mon ardente prière ; je le vois encore une fois, et c’est lui qui va recevoir mon dernier soupir.

— Virginia ! Virginia ! répétait toujours Eugenio d’un air égaré. Mais elle ne parle plus… elle ne répond plus… elle est morte !… s’écria-t-il en soulevant dans ses bras son amante infortunée, qui, pâle, froide, immobile, cédait à tous les mouvements.

Il la porta près de la lampe, écarta les cheveux qui couvraient ce visage adoré, où, malgré les ravages de la douleur et du temps, on voyait encore cette douceur, ce charme inexprimable, dont le souvenir était si bien gravé dans son cœur. Il la contempla pendant quelques minutes avec un désespoir calme ; puis, cédant à toute l’impétuosité de sa passion, il serra fortement sur son cœur le fardeau de son amour dont il s’était saisi. « Virginia ! ô ma Virginia, c’est moi ! » s’écria-t-il de nouveau en posant un baiser sur les lèvres glacées de sa malheureuse amie, comme s’il eût voulu ainsi ranimer le souffle de la vie qui s’exhalait de son sein.

  AMOURS. TOME 1.
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