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Elle lui montra la maison de son père, où aussitôt il alla voir cet homme, qu’il pria, avec cet air d’hypocrisie qui séduisait tout le monde, de lui prêter quelque temps un lieu pour mettre le vin de sa quête. Ce bonhomme, qui ne jugeait des choses que par l’apparence, crut que c’était par un effet de la bénédiction divine que le bon religieux s’adressait à lui ; il lui accorda ce qu’il lui demandait. Il offrit donc une cave, et lui dit même qu’il pouvait disposer de sa maison et de tout ce qui lui appartenait. Il le pria ensuite de prendre un verre de vin pour se rafraîchir, et de vouloir accepter une petite collation. Le père gardien accepta ; ils se mirent à table, et celui-ci, pour prévenir l’esprit de ce bonhomme en sa faveur, ne l’entretint que de choses saintes. Pendant le temps qu’ils étaient à table, la fille arriva ; et, par ordre de son père, elle présenta à boire au capucin. Celui-ci fut si transporté en la voyant qu’à peine se put-il retenir de lui déclarer son amour, et ce ne fut qu’avec une grande violence qu’il ne lui en donna pas de marques ; mais il voulut se réserver une occasion plus favorable.

Quand il sortit de la maison, il promit qu’il leur viendrait souvent rendre visite, et en effet