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quelques jours pour trouver un genre de pénitence qui pût être approuvé de toute la communauté, et promit aussitôt qu’elle aurait pris une résolution de rassembler le même conseil. Deux jours se passèrent. Le soir du troisième, on annonça que le lendemain Agnès serait interrogée, et que, suivant la conduite qu’elle tiendrait en cette occasion, sa peine serait augmentée ou mitigée.

Dans la nuit qui précéda cet examen, indignée, je me glissai dans la cellule d’Agnès à une heure où je supposais les autres religieuses endormies. Je la consolai autant qu’il m’était possible ; je l’invitai à prendre courage ; je lui dis de compter sur l’appui de ses amis, et je convins avec elle de certains signes par lesquels je m’engageais à répondre par oui ou par non aux questions de l’abbesse ; sachant que son ennemie chercherait à l’effrayer, à l’embarrasser, je craignais qu’on ne lui surprît quelqu’aveu préjudiciable à ses intérêts. Je voulais tenir ma visite secrète, et je restai peu de temps avec Agnès. Je la pressai de ne point se laisser abattre ; mêlant mes larmes à celles qui inondaient son visage, je l’embrassai tendrement, et j’étais sur le point de me retirer, lorsque