Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/46

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 34 —


d’abord étonné. Le jour elles sont toutes ensemble et s’entretiennent des affaires du monde, demandent des nouvelles de leurs parents et amis et autres choses semblables ; mais le soir, qui est le temps destiné au silence, elles se retirent en de petits parloirs, dont les grilles sont larges, pour jouir pleinement de leurs directeurs les unes après les autres.

Le père provincial ne me traita pas en novice, mais en ami ; il me donna la liberté de me promener où je voudrais, sans m’obliger à dire mon chapelet, comme font la plupart des sots et stupides compagnons de notre ordre. Je ne faisais donc que me récréer pendant que ces bons pères éprouvaient les esprits et attendrissaient les cœurs de ces jeunes dames. Je ne les voyais ni l’un ni l’autre qu’au dîner, parce que le soir ils ne soupaient pas, à cause des collations particulières qui se faisaient à la grille toutes les après-midi.

Il y avait déjà trois jours que j’étais dans ce couvent sans autre occupation que la promenade ; mais le troisième jour, au matin, je rencontrai un frère de Paris de mes amis qui se promenait seul et était plongé dans une profonde rêverie. J’allai l’accoster et lui demandai la cause de son chagrin.