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son. Les prières du peuple la précédaient ; elle était suivie de ses bénédictions. Mais quelle fut sa surprise, quelle fut la confusion générale, lorsque don Ramirez, s’avançant vers elle, lui déclara qu’elle était sa prisonnière.

Immobile et muette d’étonnement, l’abbesse après le premier moment revint à elle-même, et criant au sacrilége, à l’iniquité, invita le peuple à venir au secours des filles du Seigneur. On se préparait à lui obéir, lorsque don Ramirez, opposant ses archers à leur fureur, commanda aux plus avancés de s’arrêter et les menaça de toutes les vengeances de l’Inquisition. À ce nom redouté tous les bras tombèrent, toutes les épées furent remises dans le fourreau. L’abbesse elle-même, pâlissant, commença à trembler. Le silence général la convainquit qu’elle n’avait rien à espérer que de son innocence ; et d’une voix troublée elle pria don Ramirez de lui apprendre de quel crime elle était accusée.

— Vous le saurez, dit-il, quand il en sera temps. Mais d’abord je dois m’assurer de la mère sainte Ursule.

— De la mère sainte Ursule ! répéta l’abbesse, d’un ton troublé.