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présenta à Lorenzo ; celui-ci l’ouvrit, reconnut la main de sa sœur et lut :

« Dans quel abîme de maux vous m’avez plongée, Raymond ; vous m’avez rendue aussi criminelle que vous. J’avais résolu de ne vous revoir de ma vie, de vous oublier s’il était possible et même de vous haïr. Un être pour lequel je sens déjà une tendresse maternelle me sollicite de pardonner à mon séducteur et de réclamer son amour. Raymond, votre enfant vit déjà dans mon sein. Je redoute la vengeance de l’abbesse ; je tremble pour moi-même et plus encore pour l’innocente créature dont l’innocence dépend de la mienne. Nous serions perdus l’un et l’autre si l’on venait à découvrir mon état ; conseillez-moi, dites-moi ce que je dois faire, mais ne cherchez pas à me voir. Le jardinier qui s’est chargé de vous remettre cette lettre est renvoyé ; celui qui le remplace est d’une fidélité incorruptible. L’unique moyen de me faire passer votre réponse est de la cacher sous la grande statue de saint Dominique, dans l’église des Dominicains, où je vais à confesse tous les jeudis. Je pourrai aisément la prendre là sans être aperçue. Je sais que vous êtes absent de Madrid ; est-il nécessaire que je vous prie de m’écrire aus-