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bras gauche. L’obscurité de la nuit me fut favorable ; la plupart de leurs coups portèrent dans mon manteau et ne m’atteignirent point. J’eus le bonheur de renverser à mes pieds l’un de mes adversaires. Cependant, j’avais reçu quelques blessures, et les autres me poursuivaient si vivement que j’aurais inévitablement succombé, si un noble cavalier, averti par le bruit des épées, ne fût venu à mon secours ; plusieurs domestiques le suivaient avec des flambeaux. À leur approche, les deux spadassins prirent la fuite et se perdirent dans l’obscurité.

L’inconnu s’adressa à moi avec beaucoup de politesse, et me demanda si j’étais blessé. Déjà affaibli par la perte de mon sang, j’eus à peine la force de le remercier. Je le priai d’ordonner que quelques-uns de ses serviteurs me transportassent à l’hôtel de Las Cisternas. Mais je n’eus pas plus tôt prononcé ce nom que l’inconnu, se disant ami de mon père, ne voulut pas permettre qu’on me transportât si loin avant que mes blessures eussent été examinées. Il ajouta que sa maison était peu éloignée, et me pria de l’y accompagner. Il me fit cette offre d’une manière si obligeante que je ne pus la refuser, et, appuyé sur son bras, il me con-