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ment, et ma taille et ma stature répondent assez bien à ce que l’on rapporte de la nonne.

Cette idée me réjouit infiniment.

— Dans cet intervalle, continue Agnès, vous aurez le temps de vous procurer une voiture bien attelée, avec laquelle vous m’attendrez à peu de distance de la grande porte du château. Aussitôt que l’horloge sonnera une heure, je sortirai de ma chambre dans mon attirail de spectre ; tous ceux que je pourrai rencontrer seront trop effrayés pour s’opposer à ma sortie. J’atteindrai aisément la porte principale et me mettrai alors sous votre protection. Ainsi notre fuite sera plus prompte et plus sûre ; dans le trouble on s’apercevra moins de ma disparition ; les soupçons du moins se partageront ; peut-être même la regardera-t on comme un événement surnaturel. Je ne doute pas du succès. Mais s’il était possible, Alphonso, que vous me trompassiez : si vous ne voyez qu’avec mépris mon imprudente confiance, si elle n’était payée par vous que d’ingratitude, jamais, non, jamais le monde n’aurait vu un être plus malheureux que moi. Je sens tout le danger auquel je m’expose ; je sens que je vous donne le droit de me traiter avec légèreté ; mais je me confie à votre