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tir du château, qu’après avoir couru à toute bride, il nous rejoignit, et s’approchant de ma chaise :

— Prenez courage, me dit-il en langue espagnole, qu’il commençait à parler très-couramment ; tandis que vous étiez avec le baron, j’ai épié le moment où la dame Cunégonde était descendue, et suis monté à la chambre au-dessus de celle de mademoiselle Agnès. Je me suis mis à chanter aussi haut que je l’ai pu un air allemand qu’elle chante souvent, espérant qu’elle reconnaîtrait ma voix. Elle l’a reconnue en effet ; sa fenêtre s’est ouverte ; j’ai laissé tomber un cordon dont je m’étais pourvu. Ayant entendu après quelques instants sa fenêtre se refermer, j’ai retiré doucement, et sans me laisser voir, le cordon, autour duquel j’ai trouvé ce petit billet attaché.

Il me présenta alors un papier à mon adresse. Je l’ouvris avec impatience ; il contenait les mots suivants, écrits au crayon :

« Cachez-vous dans quelque village voisin pendant une quinzaine. Ma tante croira que vous avez quitté Lenderberg et me rendra la liberté. Dans la nuit du trente de ce mois, je serai à minuit au pavillon de l’Ouest. Ne manquez pas de vous y trouver, et nous pourrons concerter ensemble nos plans pour l’avenir. Agnès. »