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ouvrit un tiroir, ensuite une boîte, et en tira un médaillon contenant un dessin couvert d’un cristal.

— Connaissez-vous l’original de ce portrait ? dit-elle en souriant.

— C’est vous-même ! m’écriai-je, et vous me le donnez, ma chère Agnès !…

Transporté de joie, je le pressai contre mes lèvres, et me jetai à ses pieds. Je lui témoignai avec les expressions les plus tendres ma reconnaissance. Elle m’écoutait avec bonté, et m’assurait qu’elle partageait mes sentiments, lorsque je fus tout-à-coup réveillé par un cri perçant qu’elle poussa en retirant ses mains que je pressais dans les miennes et en se sauvant par une porte qui donnait dans le jardin. Étonné de ce mouvement, je me relève, et j’aperçus près de moi la baronne, presque suffoquée par l’excès de sa fureur jalouse. Au sortir de son évanouissement, elle avait mis son imagination à la torture pour deviner quelle pouvait être sa rivale. Agnès était la première sur qui elle devait naturellement porter ses conjectures, qui se changèrent alors en certitude. Se proposant d’interroger Agnès, elle était entrée à petit bruit, précisément au moment où celle-ci me donnait son portrait ; elle avait entendu mes tendres protestations et m’avait vu à ses genoux.