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la porte entr’ouverte, j’entrai ; elle était occupée a dessiner, et plusieurs esquisses imparfaites étaient éparses autour d’elle.

— Oh ! ce n’est que vous, dit-elle en levant les yeux, je puis continuer mon occupation sans cérémonie ; prenez une chaise et asseyez-vous à côté de moi.

J’obéis ; je me plaçai auprès de la table, et ne sachant trop ce que je faisais, je me mis examiner quelques-uns des dessins qui se trouvaient sous mes yeux. Un de ces sujets me frappa par sa singularité. L’esquisse représentait la grande salle du château de Lenderberg ; dans le fond on voyait une porte à demi ouverte, conduisant à un escalier étroit ; sur l’avant-scène était un groupe de figures dans des attitudes grotesques ; toutes exprimaient la terreur. Ici l’on voyait un homme priant dévotement, à genoux et les yeux élevés vers le ciel ; là, un autre marchait à quatre pieds ; quelques-uns cachaient leurs visages dans leur vêtement ou dans le sein de leurs compagnons ; quelques autres s’étaient blottis sous la table, où l’on voyait les restes d’un bon souper ; d’autres encore avec des yeux effarés et la bouche béante regardaient fixement un objet qu’on devinait être seul