instant de notre union, je me soumettais de bonne
grâce à la tâche qui m’était imposée. La bibliothèque
de dona Rodolphe était principalement composée
de vieux romans espagnols ; et régulièrement
chaque jour un de ces volumes était remis
en mes mains. C’étaient les longues aventures de
Perce-Forêt, de Palmerin d’Angleterre et du chevalier
du Soleil. Je les lisais jusqu’à ce que l’ennui
me fit tomber le livre des mains ; cependant
le plaisir toujours croissant que la baronne semblait
prendre à ma société m’encourageait, et je
persévérais. Elle me donna même un jour une
preuve d’affection si marquée, qu’Agnès pensa
qu’il était temps de déclarer à sa tante notre affection
mutuelle.
Un soir que j’étais seul avec dona Rodolphe dans son appartement (comme nos lectures ne roulaient guère que sur l’amour, Agnès n’y était jamais admise) ; je me félicitais de voir arriver enfin le terme des amours de Tristan et de la reine Iseult.
— Ah ! les infortunés, s’écria la baronne ; qu’en dites-vous, Alphonso ? Croyez-vous qu’il puisse exister un homme capable d’un attachement si sincère et si désintéressé ?
— Je n’en doute point, madame ; car mon pro-