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se rendre avec l’époux auquel elle venait d’être unie, le baron de Lenderberg. À son arrivée, la jeune Agnès fut mise dans un couvent qui se trouvait à quelques lieues du château de votre oncle. Les religieuses auxquelles son éducation fut confiée remplirent exactement leur tâche ; elles lui firent acquérir à un haut degré de perfection plusieurs talents, et ne négligèrent aucun moyen de lui inspirer le goût de la retraite et des tranquilles plaisirs d’un couvent ; mais un secret instinct faisait sentir au cœur de la jeune fille qu’elle n’était pas née pour la solitude. Avec toute la liberté de la jeunesse et de l’enjouement, elle traitait de momeries ridicules la plupart des cérémonies si révérencieusement pratiquées par les nonnes, et tout son plaisir était d’inventer quelque bon tour qui fit pester la mère abbesse.

Quoiqu’elle ne déclarât pas hautement sa répugnance pour la vie monastique, elle la laissait assez voir ; don Gaston en fut informé. Craignant que votre affection pour votre sœur, Lorenzo, ne s’opposât à son éternel malheur, il eut soin de vous cacher, ainsi qu’au duc, toute l’affaire, jusqu’à ce que le sacrifice fût consommé. On lui a fait prendre le voile durant votre absence ; on n’a