minai avec inquiétude les mouvements de Marguerite.
Elle était occupée à rincer quelques gobelets
d’étain. En les plaçant devant Baptiste,
elle vit que mes yeux étaient très-fixément
fixés sur les siens ; et saisissant l’instant où elle
n’était point observée, elle me fit signe avec la tête
de ne pas goûter de cette liqueur ; puis elle reprit
sa place.
Pendant ce temps-là, notre hôte avait ôté le bouchon et rempli deux gobelets, qu’il offrit à la baronne et à moi. La baronne fit d’abord quelque difficulté ; mais les instances de Baptiste furent si pressantes qu’elle ne voulut pas le désobliger. Pour moi, craignant de faire naître des soupçons, je n’hésitai pas à prendre la liqueur qui m’était présentée. À l’odeur et à la couleur, je vis que c’était du champagne ; mais quelques grains de poussière qui flottaient à sa surface me convainquirent que le vin était altéré. Cependant je n’osais pas montrer ma répugnance à le boire. Je le portai à mes lèvres et fis semblant de l’avaler ; mais tout-à-coup, en me levant de ma chaise, je courus à un vase plein d’eau qui était à quelque distance et dans lequel Marguerite avait rincé les gobelets, et feignant qu’un mal de cœur subit me