moyen de me soustraire au péril dont j’étais menacé.
Je savais que la résistance était vaine. J’étais
sans armes et seul contre trois. Cependant, je résolus
de leur vendre ma vie aussi chèrement que
je le pourrais. Dans la crainte que Baptiste ne s’aperçût
de mon absence et ne soupçonnât que j’avais
entendu son entretien avec Claude, je rallumai
la chandelle. En descendant, je vis le couvert
mis pour six personnes ; Marguerite s’occupait à
éplucher une salade, et ses beaux-fils causaient
tout bas. Baptiste, qui avait le tour du jardin à
faire pour rentrer à la maison, n’était pas encore
arrivé.
Un signe de l’œil que je fis à Marguerite lui apprit que son avis n’avait pas été perdu. Combien en ce moment je la trouvai différente ! Ce qui m’avait paru auparavant maussaderie et mauvaise humeur me parut alors dégoût pour ses associés et compassion pour le péril où j’étais. Je voyais en elle mon unique ressource, quoique, sachant bien qu’elle était surveillée par son mari, je ne pusse fonder que peu d’espérance sur ses bonnes intentions en ma faveur.
Malgré tous mes efforts pour ne rien laisser paraître au dehors, tout en moi n’exprimait que trop