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muez-vous, faites les lits et préparez nous à souper. Mettez aussi quelques morceaux de bois dans le feu, car monsieur meurt de froid.

Marguerite jeta aussitôt son ouvrage sur la table et se mit en devoir d’exécuter, mais à regret, les ordres de son mari. Sa figure m’avait déplu dès le premier moment, quoiqu’elle eût tous ses traits fort beaux ; mais elle était pâle, sèche et maigre ; son regard sombre et ses manières revêches, tout en elle annonçait un mauvais caractère. Dans chacun de ses mouvements perçaient le mécontentement et l’impatience, et ses réponses à Baptiste, quand il lui reprochait gaiement de se montrer si peu aimable, étaient aigres, courtes et piquantes. En un mot, dès le premier coup d’œil, je conçus pour elle autant de dégoût que son mari m’avait inspiré d’estime et de confiance. La figure de Baptiste était franche et ouverte, ses façons avaient toute la simplicité d’un bon paysan, sans en avoir la rudesse ; ses joues étaient pleines, larges et rubicondes. Les rides de son front me firent juger qu’il pouvait avoir soixante ans ; mais il portait fort bien son âge et semblait encore dispos et plein de vigueur. Sa femme ne devait pas avoir plus de trente ans ; mais en bonne humeur et en